Ni beaux ni laids

Ce soir, je ferme la porte de la chambre

Où les corps s’ignorent, où tout chambranle

Épurée

Cette chambre pourtant passionnée

Laisse partir les baisers

Ailleurs

Aucun désordre dans la pièce même le soleil

Reste discret. Un faible jet de lumière veille

Ma main a glissé sur la courtepointe, mais aucun pli

Les draps aussi

…

Je suis passée pour changer l’eau dans le vase des fleurs

Que je continue de cueillir en souvenir

Tous nos désirs soupirent

Les pétales sont encore beaux

Soigneusement, j’époussette chaque jour les tableaux

De nos jours heureux

Où est passé notre printemps

Ailleurs

…

Il m’arrive de quitter la pièce sur la pointe des pieds

Pour m’enfuir dans la chambre d’ami et pleurer

Comme si cela suffisait pour accepter ton départ

Ailleurs

Contre vents et marées jusqu’à la fin

Nous avons navigué

Vivant chaque moment comme le dernier

Nous avions le cœur marin

Tu as pris le dernier bateau

Ailleurs

…

Je sais que j’irai te retrouver

Un jour, mais je ne cesse de t’espérer

Je continue de vivre. La maison n’a pas changé

Je continue de chanter, mais avec toi mon cœur s’en est allé

Ailleurs

…

Je reste courageuse, mais parfois j’ai peur

Il y a comme une fêlure dans mon cœur

Je suis un peu perdue. Mon corps bouge normalement

Ta présence fatalement

Est ailleurs

Peinture numérique de Zia Patt