Ni beaux ni laids

Aurore ouvrit ses immenses yeux plein de tendre innocence et une main aux veinures transparentes se

posa sur son sein puis avec son autre main elle fit crouler sa chevelure dorée jusqu’au rivage. Plus loin

entre deux minuscules nuages, les dieux et les déesses de l‘Olympe buvaient du nectar tout en se

délectant du spectacle. Neptune, dieu de la mer vint l’écume à la bouche devant tant de splendeur et

Uranus fut rempli de complaisance en admirant cette grâce dans son ciel. Même Hélios fit danser le

soleil et c’est alors que la querelle éclata. Uranus provoqua Neptune en duel. Effrayée, Aurore se mit à

trembler, à sangloter et elle s’enfuit loin de ces prétendants. Les poussières d’or disparurent dans le

dôme céleste et Zeus, le dieu de la lumière et de la foudre pourchassa les autres divinités de l’Olympe

jusque dans leur quartier.

Le temps n’existait plus: les hommes craignent les caprices de ces dieux amoureux qui oublient de

protéger les forêts, les plaines, les vallées, les rivières et tout ce qui est si beau aux yeux des Mortels.

Puis, essoufflés, Neptune et Uranus comprirent qu’ils venaient de perdre Aurore. Alors, à genoux, ils

s’unirent pour former avec leurs bras puissants une merveilleuse couchette couleur azur pour bercer

Aurore lors des arcs-en-ciel nocturnes. Neptune et Uranus prièrent dans l’espoir de revoir Aurore au

réveil. Bleu sur terre, bleu sur mer et bleu dans le ciel, Aurore revint plusieurs jours plus tard.

Malheureusement, les dieux oublient souvent leur promesse, mais Aurore revient toujours dénouer sa

longue chevelure pour offrir à ces précieux soupirants, la beauté de l’aurore.

Conte inspiré de  La colère d’Émily Huile sur le tableau réalisé à l'huile et au couteau de Catherine

Valette

http://www.livegalerie.com/Peinture,,Catherine_Valette,113517.html