Ni beaux ni laids

Une grande tristesse s’abattit sur la forêt d’Amazonie lorsque le fils du chef Iaia trouva la mort au combat. Pendant 7 jours et 7 nuits, les femmes veillèrent et pleurèrent en célébrant ses mérites :

-          Le fils du grand chef est mort, lui qui était le plus valeureux de tous, lui qui était le meilleur chasseur et le meilleur pêcheur de notre tribu! »

Pendant ce temps, les hommes de la tribu buvaient de «  la chicha et les musiciens jouaient du tambour.

La chicha est une boisson à base de manioc fermenté.

On prépara le jeune guerrier : on enduisit son corps avec une teinture végétale (roucou), on dessina sur son visage des arabesques rouges et on lui plaça un collier de dents de bêtes et de plumes. Son père le chef Iaia ne voulait pas jeter le corps de son fils dans le fleuve ni l’enterrer dans a terre rouge alors il alla dans son jardin pour cueillir un énorme potiron qu’il évida. Puis, il plaça le corps de son fils dans l’écorce du potiron et proclama devant tous les anciens de sa tribu :
- Qu’on le mette au milieu de la forêt. Que le tatou et le fourmilier soient ses fossoyeurs et que le toucan célèbre sa mémoire de son chant. »

Le jaguar, le paresseux et le pécan veillèrent sur la tombe toute la nuit. Dès l’aube, Ie chef Iaia voulut se recueillir auprès de son fils, mais il ne vit que de la vie. Tout s’épanouissait autour du potiron : coquillages, algues, plantes aquatiques au milieu desquelles nageaient des poissons multicolores. Rapidement, il s’élança au village pour annoncer la bonne nouvelle. Les dieux de la forêt avaient fait apparaître cette abondance de plantes et de poissons près du jeune guerrier mort. Les habitants du village firent des pêches miraculeuses.

Une nuit, un jeune enfant de la tribu voulut garder pour lui seul le potiron magique et il s’aventura dans la forêt pour s’en emparer. Le poids du potiron le fit trébucher, mais l’enfant poursuivit son chemin. Cependant, le potiron devenait de plus en plus léger alors le gamin se retourna et il vit un filet d’eau qui s’écoulait du potiron. Un ruisseau grossit et se transforma en rivière. La rivière creusa son lit dans la forêt et se jeta dans l’océan Atlantique, dans un grand bouillonnement d’eau. C’est ainsi que L’Amazone, le roi des fleuves est né. Depuis ce jour, les eaux poissonneuses du «  fleuve-mer » nourrissent Indiens et Caboclos. Quand la chance leur sourit, ils pêchent aussi un «  piracuru » un poisson géant ,qui peut nourrit tout le village.

De Légendes du Monde.  Éditions Auzou