Le bucheron aux traits fins
Ils sont entrés comme un seul homme
Dans le monastère
Les religieuses en servantes de Dieu
Portaient dans leurs mains
Un délicieux potage brûlant dans de grandes soupières
Pour ces valeureux travailleurs affamés par les durs labeurs
L’un d’eux vit deux joues s’empourprer
Et un regard se troubler
Mais sans un mot et trop fatigué
Il se mit à manger
On aurait pu entendre penser à mi-voix
Un ventre vide n’a qu’une envie
Boire et s’alimenter jusqu’à satiété
Pourtant, une autre faim tenaillait les corps
Une autre soif les dévorait…
Plus la saison avançait et plus les yeux de la religieuse
S’attardaient sur le bucheron aux traits fins
Elle n’avait pas l’habitude des rendez-vous galants
Pourtant,
Les regards se croisaient et dans les prunelles dorées de la novice
Le brave homme décelait des trésors insoupçonnés
D’amour et de tendresse
L’ivresse
S’emparait de lui
Chaque nuit
Il embrassait cette bouche close
Cette peau tendre dans une chambre close
Il imaginait la cueillir comme une fleur
Fragile et délicate
Qu’il ferait éclore
Chaque nuit avant l’aurore
Aux petites heures
De l’amour
C’est ainsi que malgré une situation précaire
Cet homme droit et fier
Fit sa grande déclaration
Un prêtre célébra leur union
Ils vécurent pauvres, mais heureux
Et ils eurent de nombreux enfants.
FFA 00051195
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