Les vieux
Une page blanche ressemble à des dimanches habités par la solitude. Comme des vieux qui se
retrouvent entre eux. Aucun éclat de rire, mais la tête un peu mêlée à force de se raconter les
mêmes histoires. Leurs soupirs se mêlent aux sourires lorsqu’ils se pensent moins intéressants.
Pourtant, les vieux comprennent beaucoup de choses même s’ils semblent avoir l’air de vivre
ailleurs. Comme les oiseaux, les vieux piétinent avant de s’élancer à votre rencontre et leur dos
se voûte comme la tige des fleurs le soir au coucher. Le cœur des vieux est immense comme le ciel
et leurs yeux délavés brillent encore de feux intérieurs, mais parfois, ils ont peur… et parfois, ils
sont intrépides comme si le temps s’était simplement arrêté.
Les vieux vieillissent un peu plus chaque jour et leur peau se plisse un peu plus chaque nuit. Ils
vous agrippent par le bras pour ne pas tomber ou pour simplement demeurer plus près de vous.
Les vieux se savent vieux, mais ils préfèrent que vous ne le traitiez pas en vieux. Comme les
arbres, les vieux ont vu plusieurs saisons défiler et ils ont entendu des milliers de chansons. Les
vieux ont été des enfants, des parents, des amants avant… Ils ne sont pas démodés, mais ils
s’accrochent quelquefois à ce qu’ils étaient avant de devenir vieux.
À l’aube de leur vie, les vieux se sont impatientés comme des enfants, mais ils ont ralenti la
cadence au crépuscule de leur vie. Les vieux rêvent encore malgré les risques de cauchemar et de
déception. L’important se disent les vieux c’est de vivre encore au mieux et de respirer tout
doucement à vos côtés avant de s’endormir « comme de vieux enfants » Brel).
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