Lien affectif
Lorsque nous arrivions à la Maison Rose, mon cœur cognait si fort que j’avais
l’impression que tout le monde pouvait l’entendre. Je voyais grand-papa
derrière la grande vitrine qui se berçait en nous attendant. Grand-maman
s’affairait dans la cuisine. Dès que j’entrais dans la maison, je plissais mon
nez et ça sentait toujours le bon café puis, je m’élançais vers cet homme qui
me paraissait une montagne de roc indestructible. J’ai gardé très longtemps ce
besoin physique de sauter au cou de mon grand-père. J’avais vécu parmi eux les
quatre premières années de ma vie et personne n’a réussi à briser ce lien
affectif.
Grand-père racontait:
-
Que je me traînais par terre comme une
petite écrevisse
Que j’aimais sucer le bout de sa viande...
Et moi, j’affectionnais plus que tout, ces moments de complicité entre mon
grand-père et moi.
La maison en briques roses était aussi un lieu de rencontre pour jouer aux cartes
et faire de la musique. Je ne suis pas certaine d’avoir accepté de quitter cette demeure.
Plus tard, lorsque je verrai mon grand-père paternel vaciller sous le poids de la
maladie, je m’écroulerai comme ces ballons multicolores qui crèvent tout à coup
et qui font sursauter les enfants pendant les jours de fête.
Quant à ma grand-mère paternelle, elle fait figure de stabilité et j’ai toujours
senti son affection. Elle est morte comme elle a vécu je crois. Elle s’est
couchée et elle ne s’est pas réveillée le lendemain matin. Elle avait 94 ans.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 270 autres membres