Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

Je ne t'ai jamais abandonné

 

Par où commencer 

 

 

 

Je ne sais pas.  Pas encore

 

 

 

Tu n'es plus là, mais tu es présent dans ma mémoire.

 

 

 

Tu aimais tant m'entendre chanter " petit papa quand tu es là, je suis bien, je ne crains rien. Petit papa quand tu t'en vas j'ai beaucoup de chagrin..."

 

 

 

Tu étais si jeune lors de ma venue au monde. Quinze mois plus tard, une autre et ainsi... toi et maman en peu temps 3 enfants, puis 4 puis 5 et une fausse couche. Tu étais sûrement trop jeune    Maman aussi

 

 

 

Le climat familial chez toi.  J’ai vécu tout le contraire avec tes parents. Ils m'aimaient si fort, je le sentais, ils me protégeaient aussi. J'étais "l'élue", mais d'après ce que j'ai entendu, tu avais été aussi "le favori"    Je sais.  Tu as beaucoup vu, entendu, ressenti. Ce fameux ressenti d'impuissance, de colère refoulée, de tristesse etc.

 

 

 

Avant toi, grand papa je ne sais rien. Tu ne m'as jamais raconté et je n'ai pas posé de question. 

 

 

 

Je n'en posais jamais. La peur

 

 

 

Tu savais te montrer caressant, tu nous berçais, tu nous disais souvent que nous étions belles. Tes 4 filles. Pour ton garçon que s'est-il passé? Je ne me souviens pas beaucoup de paroles aimantes, de présence supportant.  

 

 

 

Tu nous as battu. Tu as battu notre frère encore plus. Je me demande parfois si mon « trauma » n'est pas surtout relié à sa mort. Il est mort battu dans la rue.

 

 

 

Je sais.  Ce n'est pas facile l'éducation des enfants et peut être encore plus difficile celle d'un fils "tannant" espiègle. Enfant, il a été battu et il est mort battu. Je n'arrive pas à oublier

 

 

 

J'ai en mémoire des moments dramatiques. J’en oublie parfois les bons, car il y a eu de meilleurs moments.

 J'étais si bien au pensionnat. Je vivais libérée de la peur

  

 

   la peur de te déplaire qui d'ailleurs ne m'a jamais quitté. Tout ou presque pour te plaire et ne pas susciter ta colère. Je te craignais encore plus lorsque tu ne disais rien. Un silence à me faire craindre le pire

 

 

 

Mon coeur battait à exploser quand mon frère ou ma sœur osait faire quelque chose, répliquer.  Je savais ce qui arriverait et je leur disais de se taire. J’ai pensé souvent être peureuse, mais maintenant je reconnais mon impuissance. Je n’étais qu’une gamine.

 

 

 

En vieillissant, tu t'es souvent excusé, tu pleurais, mais tu ne changeais pas vraiment. Un jour si aimant, protecteur tu l'étais aussi avec les femmes de ta vie, mais tu ne les frappais pas. Elles ont été toutes les deux soumises à tes bonnes volontés. Tu avais le tour surtout avec ta deuxième épouse. " elle m'a montré le sens de l'économie..." elle est décédée quelques semaines seulement avant toi et elle t'a "renié" comme si tu n’avais pas bien rempli les termes du contrat. Devais-tu mourir bien avant elle et lui laisser ton héritage? Difficile de savoir. J'extrapole avec ce que j'ai eu à vivre après son décès et le tien.

 

 

 

Dès l'âge de 13 ans, tu ne payais plus pour moi. Nous étions ma sœur et moi au pensionnat payé par l'état. J'ai compris sur le tard.

 

 

 

  Ton fils.  Était en fugue

 

 

 

Puis à 17 ans, j'ai quitté la maison pour aller travailler    ma sœur s'est mariée. Tu t'es fait jouer le tour le jour de son mariage. Les beaux parents ont réclamé une partie pour défrayer la noce. En ce qui me concerne, j'ai payé même ma robe de noces.  

 

 

 

Ton fils en fugue     encore

 

 

 

Tu avais commencé à déserter le foyer. Tu l'avais rencontré et les deux plus jeunes se sont retrouvées sans père. Maman travaillait les filles étaient plus laissées sans véritable encadrement. Notre frère revenait de temps en temps...

 

 

 

Ce qui devait arriver arriva. Le bordel dans cette maison qui en apparence ne semblait pas pire que les autres. Chacun de nous avons tenté de nous adapter.  Quel gâchis 

 

 

 

Lorsque je te voyais, lorsque tu nous visitais même adulte, tu nous faisais des critiques, des reproches. Moi j'étais "snob" l'autre pas assez féminine....

 

 

 

Tes petits enfants... tu m'as déjà dit " s'il faut que je commence à donner un cadeau à un..." à l'époque tu avais 6 petits enfants. Les autres sont arrivés après ta maladie 

 

 

 

Car tu es tombé malade et beaucoup. Cela a pris des proportions immenses et rapidement. J'allais te voir et mon coeur se serrait." Tu me racontais comment tu m'avais fait soigner et c'était vrai, tu me demandais de te sortir de là" 

 

 

 

Tes filles étaient là... Elles ont toujours été là

 

 

 

Ton fils est mort le 2 novembre 2007 tu as refusé de venir aux funérailles. Nous voulions aller te chercher.  Aujourd'hui, je pense que tu étais déjà trop malade, car difficile de comprendre l'absence d'un père à l'enterrement de son fils.

 

 

 

Ce sera des années de tristesse infinie je me ferai discrète aussi. Je ne t'ai jamais abandonné. Tu nous avais abandonné depuis si longtemps 

 

 

 

A la mort de ta femme, j'ai eu à me démêler avec ta situation de façon officieuse rien d'officiel, car ta femme n'avait pas fait signer les papiers. A ta mort, j'ai eu aussi à me battre... au moins mon beau-frère était l'un des deux mandataires vivants, mais j'ai eu à m'occuper de presque tout.  J'avais encore le coeur troué, détrempé, saignant 

 

 

 

Sais-tu quoi papa? Tes sous je ne les attendais pas. Personne ne s'y attendait. J'ai donc donné la moitié à tes petits enfants mes enfants et tes arrières petits-enfants. Ce qu'il reste n'est pas beaucoup, mais il sert de couverture pour mes animaux. J'ai dit à mes enfants de passer de belles vacances au nom de leur grand père 

 

 

 

Le temps passe et moi aussi je prends de l'âge. J'éprouve beaucoup de colère en moi... j'ai eu à me retrouver.  J'ai le coeur malade, j'ai mal à mon enfance, à notre famille, aux malheurs de chacun...

 

 Et j'ai peur. Une peur de passer à mes enfants ce mal de l'âme si profond, cette tristesse de fond 

 

 

 

Si tu es là quelque part et que tu nous vois 

 

 

 

Je te demanderais seulement d'épargner ta descendance. Mes enfants, mes petits enfants

 

 

 

 

 

Son lancinant

 

Comme le cri d’un enfant

 

La ceinture s’abat

 

Sur la peau fraiche

 

La boucle de la ceinture

 

Tatoue sans pitié

 

 

 

Il est si frêle

 

Démuni

 

En boucle

 

Dans sa tête

 

Résonne encore

 

Sa peur

 

Sa douleur

 

 

 

 

 

 

 

J’ai laissé ses maux reposer longtemps si longtemps

 

J’ai laissé aussi les mots « douleur » reposer

 

 

 

J’ai comme besoin d’apaiser avec des mots doux, des mots tendres, car il y a eu aussi du tendre

 

 

 

Ces retours de voyages

 

Où tu déposais sur nous de grosses couvertures chaudes

 

Ces nuits ou ces soirs où déjà nous dormions, te venais nous soigner

 

Ces après-midis musicaux Nous étions installés sur la galerie Tu jouais, nous chantions où Devant la télévision nous écoutions de la musique italienne pendant que maman nous « servait » de bons repas chauds

 

Ces vendredis après ton travail, pendant l’été où énervé comme un gamin, tu apportais des friandises glacées

 

L’achat de notre piscine, l’installation des sapins de Noël…

 

Et puis, ce jour où tu as su que j’étais enceinte… tu as trouvé les mots, les gestes, la douceur… j’avais trouvé le père que je souhaitais

 

 

 

Tu as été et je suis aussi comme la vie Avec des hauts, des bas

 

 

 

Tu es mon père. Tu m’as donné la vie,  le côte artistique …

 

Francine

 

 

 

 

 

 

448601951_1230282278407878_4245482174490417254_n.jpg



14/09/2024
4 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 270 autres membres