Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

Le piano

 


Proclamé le grand Maître de la maison, un robuste et majestueux piano appuyait son grand

 

dos sur le mur le plus long du salon. Les enfants ne cessaient d’ouvrir son couvercle, de le chatouiller

 

avec leurs mains maladroites et ses notes ne sonnaient pas toujours justes.


 

Une fois par semaine, grand-mère prenait un soin méticuleux pour enlever chaque grain de poussière

 

qui pouvait se déposer sur son clavier. Le piano faisait partie intégrante de la famille et moi la Vieille

 

chaise, je ne cessais d'espérer me bercer tout contre lui. Parfois, j’entendais un air de Chopin, de


Liszt ou de Schubert, mais très souvent quatre mains se frôlaient tout en jouant des airs de l'époque.

 

Faut dire que le piano savait se montrer accueillant, folâtre, joyeux, triste ou amoureux.


 

Pendant la période des Fêtes, nos amis les guitares, les violons et les accordéons nous

 

accompagnaient dans un superbe rigodon. Les rires fusaient, les regards s'échangeaient, les enfants

 

s'endormaient, les artistes rêvaient et moi, la Vieille chaise, je m'émerveillais même des soupirs et

 

des silences du piano.

 


 

 



28/08/2011
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