Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

La grande table

 


Occupant la place centrale de la maison, une majestueuse table de bois se dressait prête

à toutes les éventualités. Le gros bol à soupe était posé sur une petite

assiette qui était placée sur la grande assiette. Les ustensiles bien alignés

de chaque côté du couvert et la soucoupe avec sa tasse à la droite. Au centre

de la table, on retrouvait le duo pour le sel et le poivre, un crémier, un

beurrier et un sucrier. Puis, grand-mère déposait soigneusement une grande

nappe sur le tout afin de protéger sa vaisselle toute rose et toute propre, des

saletés. J’ai connu l’époque de la famille nombreuse : onze enfants puis

cinquante-trois petits-enfants. Les moments où grand-père et grand-mère se

regardaient face à face s’avéraient presque inexistants.


Ce que je trouvais excentrique, c’était de voir grand-père prendre une immense

tasse de café dans laquelle grand-mère lui versait un bon thé bouillant. Puis,

grand-père versait une légère quantité de son breuvage dans sa soucoupe et

après, seulement après, il prenait son thé par petites gorgées.


Moi la Vieille chaise, j’observais ce rituel en silence. Enfin, grand-mère débarrassait

la table, lavait et ébouillantait sa belle vaisselle  et remettrait les couverts sur la grande table

au centre de la cuisine. Alors venait le temps pour moi de bercer tout

doucement grand-mère quelques instants avant qu’elle entre avec grand-père dans

leur chambre pour la nuit. Tout ou presque se passait autour de la grande table

et peu importe où je me trouvais, je pouvais tout voir et tout entendre.

 



02/09/2011
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