Ni beaux ni laids

Un cochon au cirque

Claude vient d’apprendre par ses copains de classe, que le cirque débarque dans leur petite ville demain. Tout heureux, il arrive en courant dans la cuisine avec Serge très content de cavaler. Essoufflé, il s’écrie　:

Maman, je veux aller au cirque!

Claude je t’ai souvent demandé de ne pas crier comme ça lorsque tu débarque dans la maison. Commence par enlever la laisse à Serge et range tes cahiers scolaires.

Oui maman, mais j’avais tellement hâte de… Serge cesse de fouiller dans le garde-manger.

Bien sûr, je voulais te proposer d’y aller en famille demain car ton père et moi allons aussi participer au spectacle. Savais-tu que les profits seront remis pour la cause des enfants malades ?

Écoute maman Serge, c’est important. Serge viendras avec nous maman ?

Oui, nous avons obtenu la permission, mais tu restes responsable de Serge. Compris ?

Oui maman et merci. Génial　! Viens Serge allons voir dans mon livre de cirque tous les numéros…

Au moment de se coucher, Claude explique pour la millième fois à Serge tous les numéros qu’ils pourront voir, mais Serge en gentil cochon de compagnie agite la queue et dit simplement "grouin grouin".

Enfin, le moment tant attendu arrive et Claude se retrouve avec Serge et ses grands-parents dans la rangée pour entrer sous la tente. Ses parents sont déjà sur place pour préparer leur tour de chant. Les enfants malades et les personnes handicapées passent toujours les premières. Serge aimerait bien se faufiler et il tire sur la laisse, mais Claude le tient tout contre lui.

Tu dois apprendre la patience mon ami Serge sinon maman ne voudra plus que tu nous accompagnes.

Des places étaient réservées et bien installé à l’avant de la scène, Claude n’a pas assez de yeux ni d’oreilles pour tout voir et tout entendre. L’assistance vibre en suivant les différents numéros de trapézistes et les acrobates qui marchent sur une corde raide. Puis, les chevaux, les éléphants et les chiens paradent sur la piste. Cependant, Claude a tellement hâte de voir les clowns. Soudain, l’un d’eux se montre le bout du nez. Vêtu d’un énorme pantalon bouffant, le clown s’avance en grimaçant. Serge un peu endormi contre la jambe de son maître sursaute et se cache derrière la chaise. C’est alors que le clown s’approche de Claude pour lui demander de le présenter à son copain le cochon. Un peu intimidé, Claude demande à Serge de venir serrer la patte au monsieur. Serge pointe les oreilles, s’étire un peu le cou et fixe ses grands yeux sur ce nez tout rouge. Pendant ce temps, Claude explique au clown que les cochons raffolent des gratouilles derrières les oreilles alors le clown joue avec Serge qui est maintenant complètement conquis.

Puis, un autre clown arrive avec un arrosoir à fleurs et pédale avec une énorme tarte à la crème. Tout le monde rit aux éclats, car il apparaît évident que ce clown veut mouiller le pantalon du premier clown et lui lancer la tarte à la crème au visage. Cependant, personne ne voit Serge qui se dirige tout droit vers le milieu de la scène et qui reçoit la tarte à la crème en plein sur le museau.　C’est le délire total lorsque les spectateurs découvrent que ce cochon vietnamien reste bien assis sur son postérieur à lécher la bonne crème. Papa doit sortir en riant des coulisses et ramener notre Serge se faire nettoyer avant de le retourner auprès de Claude dans la salle. Pendant ce temps, le maître de cérémonie éprouve de la difficulté à garder son sérieux pour annoncer la fin du spectacle avec les otaries qui se lancent de beaux ballons tous colorés en poussant de grands cris et une jeune gymnaste qui danse avec de grands voiles pendant que ses parents l’accompagnent en musique. Même Serge ne rouspéte plus. C’est un moment grandiose et tout le monde retient son souffle avant que le chapiteau ne s’écroule sous les applaudissements.

Pour clore ce spectacle exceptionnel, les enfants courent vers les loges pour se faire maquiller par les clowns. Bien entendu, Serge le cochon vietnamien gagne pour le maquillage le plus réussi! Après cette représentation, Claude s’endort contre Serge dans la voiture. Trop fatigué, Claude se couche tout habillé et tout maquillé avec son cochon qui sent encore la délicieuse tarte à la crème.

Texte Francine Fortier Alberton

illustration pruneviolette

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