Le journal intime de la Vieille chaise.
Jadis, j’étais jeune, belle et naturelle, fabriquée par un artisan, je siégeais comme
une reine dans la maison. Dès les premiers vagissements d'un bébé, je m'inclinais sans poser de
question et je me berçais tout doucement. En après-midi, je restais silencieuse comme une statue
pour ne pas perturber la sieste de grand-père. Le tricot encore à la main, grand-maman surprise par
la fatigue avait sombré dans un léger sommeil sans rêve.
Par les nuits froides hivernales, je me faisais caressante et chaleureuse près du
foyer et certains jours, je trompais l’ennui et les attentes devant la grande fenêtre. Grand-père fier et
droit, attendait sa belle visite. Il m'arrivait également de laisser les esprits vagabonder et de ne plus
penser à rien.J'étais désirée et parfois, certaines règles devaient être fixées pour que chaque membre
de la famille puisse profiter de les largesses.
Les années se sont écoulées et les fissures sont apparues sur mon beau bois tout blond, mais j'ai
reçu un vernis transparent pour me restaurer.Ma mission de bercer, d'endormir, de réconforter ou
d'alléger la solitude s'est dissipée avec l'arrivée de la nouveauté.Aujourd'hui, je décore humblement
une grande chambre avec d'autres meubles qui appartiennent surtout au passé.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 270 autres membres